Coopérer et/ou collaborer? La question pour choisir outils et méthodes


Que veut dire coopérer? Que veut dire collaborer? Souvent ces deux termes sont utilisés pour dire travailler ensemble, sauf qu’ils ne veulent pas du tout dire la même chose, et les objectifs sous-tendus ne sont pas les mêmes…

Pourtant en formation à distance ou en animation de réseaux nous utilisons très souvent collaboration et coopération, et il me semble important d’identifier ces deux modes afin de mieux définir ses stratégies.

Pour cela, je proposerai tout d’abord deux exemples concrets puis un éclairage sémantique et une analyse produite par Charlotte Chellé:

Dans l’article WordPress comme agrégateur… , je propose un bloc d’outils destiné au Travail collaboratif. En effet, un Google Drive, qui permet de travailler à plusieurs en différé ou en simultané, permet de collaborer pour élaborer un document commun. Deuxième exemple, ce site même, E-entraînement et E-formation, nous permet de rassembler des retours d’expérience, analyses, méthodes et outils autour de la formation à distance et l’animation de réseaux. Stéphane, plus axé sur l’entraînement et le développement fédéral, Oliver, axé sur la formation à distance et la communauté Spiral, et moi même, plutôt sur le travail en réseau depuis les services, apportons et partageons nos expériences avec d’autres collègues, donc ensemble plutôt orientés vers un objectif commun, nos travaux permettant plus ou moins de transversalité, en quelque sorte nous coopérons sur ce site autour d’un axe éditorial défini et partagé.

Collaborer ou coopérer alors?

Analyse de Charlotte:

Le travail en réseau, qu’il s’agisse d’un réseau interne de collègues, réseau inter-ministériel, inter-institutionnel…. pose des problématiques d’aptitudes humaines, pédagogiques mais également techniques et institutionnelles.
La question du positionnement et de l’objectif du travail en réseau peut-être éclairé, notamment à travers les distinctions entre les notions de collaboration et celle de coopération.
La distinction essentielle pour moi est dans le sens que l’on veut donner à son action :
L’action de collaborer signifie faire ou exécuter un « travail avec »…ce qui signifie que la collaboration peut s’exprimer sous la forme d’une contribution, d’une participation, d’une codirection, d’une assistance, d’un service, d’une prestation, d’un apport, etc.
La collaboration signifie un travail d’équipe qui s’élabore autour d’un projet qui n’appartient pas toujours à tout le groupe. On collabore souvent aux projets des autres sans en avoir l’initiative ni la gestion de leur développement. En conséquence, il est possible de collaborer au projet d’un autre en « faisant avec », sans nécessairement mettre en valeur le « faire ensemble ». Il est possible, par la collaboration, d’avoir un rapport particulier avec un groupe sans nécessairement faire partie du groupe. Ce qui compte avant tout dans un processus collaboratif, c’est le résultat de la collaboration. L’objectif cible est la raison d’être du travail ensemble et de la collaboration des parties d’un groupe, collaboration qui est le plus souvent nécessaire pour atteindre l’objectif (dans le travail d’équipe par exemple).
La coopération est une notion différente qui intègre l’idée de faire « œuvre commune », construire ensemble une réalisation commune. Elle implique donc une responsabilité mutuelle et permanente. La coopération réunie des identités qui sont autonomes et responsables, (telles que des institutions distinctes par exemple) poussées par un intérêt commun, et qui vont explorer ensemble des possibilités novatrices qui permettent de répondre à un besoin qui est partagé par tous et qu’une personne ne peut réaliser seule. La coopération est le lieu où des liens se créent par un engagement mutuel vers un objectif commun. Elle suppose des règles de travail partagées, des responsabilités assumées. La coopération engendre des stratégies de résolutions des contraintes et problèmes rencontrés qui permettent de créer de la compétence propre par delà l’objectif ciblé.
Si on peut aisément collaborer au projet d’un autre, en « travaillant avec », on ne peut coopérer qu’à un projet commun, pour « faire ensemble ». La coopération ne nécessite donc pas de travailler avec l’autre mais plutôt elle induit une répartition des tâches et des responsabilités.
La collaboration vise le résultat à atteindre, lorsque la coopération vise d’avantage le processus de réalisation. En fonction de la mission ciblée et de l’objectif à atteindre, il est important de nuancer ces notions. Ainsi lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre un dispositif interne, une collaboration efficace devrait permettre d’atteindre l’objectif. En revanche, pour développer une mission d’intérêt plus général et transversal, telle que la question de la Jeunesse, dans une coordination interministérielle et inter-institutionnelle, la coopération devient une démarche essentielle pour faire œuvre commune.
Il est à noter aussi la nécessité d’outils techniques appropriés à la vie d’un réseau, notamment en terme de gestion de la distance et de l’utilisation des outils numériques tels que les «clouds» partagés, les visioconférences légères et réactives, les effets délétères de la sécurisation informatique renforcée…
La vie d’un réseau coopératif dépend de l’animation de ce réseau. Et celle ci n’est légitime que si elle est reconnue par les membres du réseau eux mêmes, mais aussi par la capacité de l’animateur de ce réseau à le faire vivre, par sa réactivité à l’aide d’outils appropriés.

Voilà des éclaircissements qui permettent de mieux définir les objectifs que l’on poursuit et donc de faire les bons choix.

Parallèlement à cette réflexion sur collaborer et coopérer, je dirai que le choix des outils que l’on va utiliser en tant que formateur, n’est pas neutre. Effectivement, les stagiaires réutiliserons sans doute les outils qu’ils ont pris l’habitude de manipuler. Pour aller plus loin dans cette réflexion, nous avions écrit à « deux mains » avec Charlotte le texte suivant: Formateur en FOAD prescripteur de logiciel? Une question d’autorité et d’éthique traitée à deux voix.